Rencontre massive...

"Lyra! Il nous faudrait un beau cerf pour le banquet de ce soir!"

"Pas de problème, Astrid! J'y vais de ce pas!"

Lyra Jorgensson fit un signe de la main à Harold, Varek, et les jumeaux Kognedur et Kranedur en passant, et courut vers sa cabane pour attraper son arc et son carquois plein de flèches, avant de saluer Rustik, son petit frère, au passage, et de foncer vers les montagnes des étendues sauvages. Comme ça au moins, pendant que les autres préparaient le banquet, elle pourrait faire un crochet par la grotte de Mystik en rentrant. Lyra marcha un bon moment, dépassa la Crevasse des Corbeaux, et arriva enfin au pieds des montagnes. Juste à sa gauche commençaient les marais, repaire entre autres de l'Ébouillantueur et du Murmure-Mortel, quelques uns des derniers Rois-Dragons. Pas étonnant que Mystik le Charogneur prenne sa tâche de protecteur autant à cœur! Lyra prit le chemin à sa droite, qui s'enfonçait dans la forêt avant de déboucher sur la plage. Elle s'assit quelques instants sur le sable fin, et admira l'île de Feu que l'on distinguait dans le lointain, à travers le brouillard de la Porte des Damnés. Lyra se perdit dans ses pensées, avant qu'un bruit étouffé de pas lui parvienne. Elle bondit sur ses pieds et se retourna, se retrouvant face à...

[Oups, j'avais pas vu...]

Un banquet...
Dès qu'elle avait apprit la nouvelle, Nehile s'était éclipsé. Pas pour aller chasser, mais parce qu'elle ne supportait pas ce genre de fête bruyante... C'est avec joie qu'elle retrouva le calme de la forêt.
Ses pas la portèrent vers la plage sans qu'elle ne s'en rende vraiment compte. Celui lui arrivait quelque fois d'être dans une sorte d'état second, ne pensant à rien, juste en étant heureuse d'être là.

Elle ne se rendit vraiment compte de ce qu'il se passait lorsque quelqu'un qui était assis là se retourna brusquement sur son passage. Nehile s'arrêta un bref instant et reconnu Lyra Jergensson. Elle se demanda furtivement ce qu'elle faisait ici avant de chasser cette pensée. Finalement, cela ne l'intéressait pas.
Elle allait reprendre son chemin sans avoir prononcé une parole lorsqu'elle "sentit" que quelqu'un arrivait.

Le temps passe et pourtant, rien ne semble pareil. A croire que ce monde n’est pas fait pour un dragon de taille imposante. La faim au ventre plus forte que l’envie d’envisager une reconnaissance de son nouveau territoire. Le voilà entrain de scruter le ciel par une journée qui n’offre que peu de couverture nuageuse. Et justement, il fait beau et chaud sous un soleil radieux. Ne trouvant pas de proie à se mettre sous la dent, la décision de plonger dans l’océan lui semble la meilleur solution afin d’en finir avec un estomac douloureux et vide. Au loin des côtes, le dragon effectue un plongeon avant de ressortir quelques minutes plus tard à la surface, la gueule pleine de poiscaille. Savourant avec délectation la première partie de son repas, il s’enfile ainsi plusieurs fois dans les profondeurs.

Une fois qu’il est correctement rassasier, une envie soudaine de lézarder dans un lieu sûr et pourquoi pas s’installer confortablement contre un rocher chauffé par le soleil. Le voilà en route pour rejoindre une forêt proche de son emplacement. Voletant le dédale de l’immensité de verdure, il finit par rejoindre une trouée lui acquiesçant d’atterrie en toute sécurité. Face à lui, une roche bien exposée.

*Un bon repos mérité dans un lieu idyllique. Parfait, vais pouvoir me reposer en toute tranquillité*

Le voilà s’installant dans toute sa longueur comme dans une chaise longue à flâner une journée entière. Un repos bien mérité après avoir avaler du poisson à s’en faire une indigestion. Puis passe le temps de la commémoration de tous ces souvenirs passé. Une époque de folie ou il a dû trouver des solutions pour ne pas disparaître, comme rayer de la surface de la terre. Un temps ou les pithécanthropes avait pour seul but de radier l’existence des dragons. Depuis son arrivée sur cette nouvelle terre, il pouvait enfin prospérer des biens faits du monde et ne pas craindre d’être une nouvelle fois la cible de ces barbares assoiffés de sang.

Mais soudain, non loin de son emplacement, des brindilles sèches jonchant le sol sont cassées sous le pas crissant d’un passant. Sans doute un animal…

Lyra se retrouva face à Nehile, qui semblait ne même pas l'avoir vue jusqu'au dernier moment. Lyra relâcha sa garde.

"Nehile? Tu viens m'aider à trouver un cerf pour le banquet? A deux, on aura plus de chance!"

Sans attendre de réponse, Lyra se dirigea vers le cœur de la forêt. Elle prit une direction qu'elle connaissait et qui menait à un grand rocher presque toujours ensoleillé. De nombreux cerfs habitaient dans les taillis tout près de cet endroit. Mais alors qu'elle avançait, de plus en plus proche du rocher, elle remarqua quelque chose d'étrange: elle n'avait croisé aucun animal depuis qu'elle était entré dans la forêt, pas même un lièvre ou un mulot! C'était vraiment très étrange...
Enfin, elle arriva devant le rocher. Elle marcha malencontreusement sur des brindilles sèches tombées des arbres. Une fois qu'elle fut devant le rocher, elle leva les yeux vers le sommet de celui-ci... et resta stupéfaite: un énorme dragon qu'elle n'avait jamais vu auparavant était couché sur le rocher, et semblait prendre un bain de soleil. Ce dragon-là n'était nullement un roi-dragon, ça, Lyra en était absolument certaine! Mystik lui avait dit les races des rois-dragons sous sa protection, et aucune ne pouvait s'appliquer à ce dragon-là. Il était d'une espèce totalement inconnue!
Lyra ne bougeait pas d'un pouce, se contentant d'observer le dragon, bouche-bée, comme un poisson hors de l'eau...

-Nehile? Tu viens m'aider à trouver un cerf pour le banquet? A deux, on aura plus de chance!

Nehile soupira. Mais elle pouvait bien aider à attraper un cerf. Après tout, c'était son métier de chasser. Elle emboîta le pas à Lyra qui se dirigeait dans la forêt. Très vite, elle se rendit compte de quelque chose d'étrange. Hormis le vent qui sifflait dans les branches des arbre et les vagues qu'elle entendait encore venir s'échouer sur la plage, il n'y avait aucun bruit. Pas de chant d'oiseau ou d'animaux se déplaçant furtivement dans les taillis.
Nehile distingua bientôt un gros rocher illuminé par le soleil. Un craquement a fit sursauter. Lyra venait de marcher sur des brindilles. La chausseuse lui lança un regard noir. Il n'y avait déjà pas beaucoup d'animaux, mais si elle faisait fuir ceux qui restaient... Elles arrivaient au pied du rocher. Tandis que Nehile regardait autour d'elle pour trouver des empreintes, Lyra leva les yeux. Là, un cerf était passé il n'y avait pas une heure. Elle se tourna vers Lyra qui n'avait pas bougé et qui regardait le haut du rocher la bouche grande ouverte. Intrigué, la chasseuse suivit son regard et écarquilla les yeux. Un dragon se prélassait au soleil. Un dragon qu'elle n'avait jamais vu...

Le dragon flânant encore malgré le bruit, perdu dans des pensées que seul lui pouvait imaginer. Mais soudain, un sentiment de ne plus être seul. Une petite brise suscita son soupçon. L’odeur n’est pas animale. Un réveil en sursaut sans pour autant bouger. Ne pas révéler sa présence est un mot clé pour le dragon. Puis, tout aussi rapidement qu’il senti une étrange présence, il ouvrit un œil cherchant à savoir qui pouvait l’avoir extrait de son repos. Stupeur, il n’est pas seul…

D’un bon puissant avec les pattes arrière, il leva son corps imposant pour effrayer les deux hommes. Dans ce laps de temps sa gueule s’ouvra laissant paraitre une dentions généreusement proportionnée et profitant par la même occasion de pousser un gémissement sourd. Le souffle qui s’échappa de ce gémissement fit trembler les feuilles ce trouvant dans la trajectoire. Toujours effrayer de cette présence, il déploya les ailes prêt à prendre l’aire. Mais le dragon n’avais pas prévu un réveil aussi précipité. IL se trouva lamentablement bloqué par les branchages justes en dessus de lui.

Le cœur palpitant de plus en plus fort devait sans nul doute être perceptible par les deux intrus. Une petite fumée s’échappa de ses narines prêtes à se défendre en cas d’agression. Ne sachant pas comment faire pour s’extraire de ce mauvais pas, il fixa avec un regard noir les yeux se trouvant en face de lui. Puis son corps permuta d’un beige pour prendre l’apparence d’une pseudo transparence. Seul l’extrémité des ailes et le contour de son corps laissant transparaitre une couleur rosacée. Qu’allait-il advenir de lui ? Bristom arrêta son agression et faire signe de quitter la zone au plus vite avec un geste très explicite en utilisant son encolure et le faire balancer de gauche à droite…

Lyra remarqua à peine que Nehile l'avait rejoint, tant son attention était focalisée sur le dragon. D'ailleurs, celui-ci avait... changé de couleur! Il était presque transparent! Il avait montré les crocs et balançait maintenant son cou dans une vaine tentative d'intimidation: il venait de se coincer le haut des ailes dans les branches au-dessus du rocher. Lyra, qui 'dressait' les dragons des vikings du village, savait qu'un dragon incapable de fuir n'avait plus qu'une solution: attaquer. Aussi, elle posa lentement son arc et son carquois plein de flèches par-terre, sans quitter le dragon des yeux. Puis elle lança un regard à Nehile, regard qui signifiait: 'tente quoi que ce soit contre le dragon, et je te fait avaler ton arc!'. Puis elle chuchota à sa partenaire de chasse:

"Pose tes armes lentement devant toi. Il ne nous fera rien si nous ne sommes pas agressives."

Puis Lyra fit un pas en avant, toujours sans quitter le dragon des yeux, les mains levées et bien en évidence dans une posture qui voulait dire 'n'ai pas peur, je viens en paix'. Puis elle attendit de voir la réaction du dragon avant de tenter de le libérer des branches.

Quel dragon étrange. Alors qu'il était pris au piège dans les branches, il changea de couleur presque car elle pouvait encore voir les contours de son corps ainsi que l'air se troubler lorsqu'il bougeait. Nehile remarqua donc sa tête de balancer de façon menaçante. Lyra posa ses arme et d'un regard intima à la chasseuse de l'imiter.

-Pose tes armes lentement devant toi. Il ne nous fera rien si nous ne sommes pas agressives.

Nehile hausse les épaules et posa son arc et son carquois à ses pieds. Mais garda son épée dans son dos.
La chasseuse se sentait un peu inutile. Elle avait beau connaitre la forêt comme sa poche, pouvoir écrire un roman sur tous les animaux vivant entre ces arbres, les dragons restaient un grand mystère pour elle. Et elle était très méfiante envers ce qu'elle ne connaissait ou ne comprenait pas.
Elle regarda Lyra s'approcher du dragon puis son arc et ses flèches. Aurait-elle le temps de s'en servir si cela tournait mal?

Le temps semble s’arrêter pour le dragon. Un sentiment d’impuissance retenti dans son esprit, mais en cherchant une manière de parvenir à s’extraire de cette mauvaise passe, rien. Dans une situation que personne ne souhaite prendre venait pourtant de s’emparer de lui. Doucement et surement, les deux hommes posent les armes sur le sol jonché d’une fine couche de mousse étouffant les bruits métallique des flèches façonnée avec des pointes tranchantes. Il avait autrefois reçu une de ces flèches sur son corps et se souvenait parfaitement du désagrément causé. Douleur intense avec une blessure qui peine à ce refermé.

Sans détourner son regard, toujours dans une posture lui donnant un faible avantage pour se défendre, il finit par reprendre son apparence colorée naturel. Soudain, l’homme ou la créature sur deux pattes leva les pattes (bras) avant. Devait-il prendre peur et redouter une attaque ? Sans savoir, sans connaitre les intentions, méfiant comme un dragon sauvage, il baissa son encolure pour l’avancer dans le blanc des yeux de celle qui ose le défier. La gueule entre ouverte dégageant une odeur putréfiée lors de chaque souffle de sa respiration risquait de la faire reculer et ce, sans aucune arrière-pensée ou intention malveillante.

Cherchant une nouvelle fois à ce débattre pour libérer ses ailes des branchages qui l’emprisonne en ce lieu. Prit de douleur, il poussa un gémissement. Résigné par un triste sort, le voilà définitivement emprisonner. Cherchant une nouvelle manière d’intimidation, les griffes de sa pattes avant droite déployée, il lacera la roche aussi facilement que l’on plante un couteau dans du beurre relativement dur… Pour Bristom, il ne lui reste plus qu’à bien se tenir, mais cela, il ne le sait pas encore et sans doute, il ne le saura jamais, sauf si une âme charitable…

Lyra vit le dragon transparent reprendre une couleur normale et la fixer de ses gros yeux: puis, il repartit dans une vaine tentative d'intimidation, lacérant un rocher avec ses griffes. Le dragon, en se débattant comme un fou, n'arrivait qu'à se faire mal et s'empêtrer encore plus dans les branches qui coinçaient ses ailes. La dresseuse se demanda comment elle pouvait faire comprendre à ce dragon qu'elle voulait simplement l'aider et qu'elle ne voulait en aucun cas lui faire du mal. Plus elle y réfléchissait, plus une idée prenait forme dans son esprit: une idée dangereuse, certes. Mais c'était ça ou rien!

Lyra s'avança lentement vers le dragon, de plus en plus près, à portée de ses mâchoires: si le reptile géant le souhaitait, il pouvait très facilement l'attraper et la déchiqueter à coups de crocs. Voilà pourquoi la tentative était risquée: mais jamais un prédateur ne se mettrait dans une position si dangereuse et une proie aurait fuit depuis longtemps. Ainsi, la dresseuse voulait faire comprendre au dragon qu'elle n'était ni une proie potentielle, ni un ennemi à craindre: simplement une amie, une alliée, qui souhaitait juste l'aider.

Lyra, une fois arrivée devant le ventre écailleux du dragon-caméléon, posa un genou à terre et baissa la tête, exposant l'endroit le plus vulnérable de son corps: sa nuque. Puis elle attendit la réaction du dragon, dissimulant au mieux sa nervosité: là, elle risquait gros...

Enfin une tournure qui prenait forme en son avantage, elle lui offrit son corps pour un festin savoureux. Ramenant son encolure en direction de son premier repas de la journée, il la vit sans bouger. A croire qu’elle était en train de faire la morte. Mais le dragon n’en avait pas terminé et descendit sa grande gueule qu’il ouvra juste sur la partie de sa nuque. Son nez à l’affut d’une odeur étrange examina la chair fraîche en laissant égoutter des coulures de sa salive baveuse. Rien ni aucune réaction, la proie ne semblait pas vouloir prendre la fuite ou l’attaquer. Quoi de moins amusant qu’une bonne partie de jeu avant de lacérer son festin par les multiples rangées de crocs… Tout compte fait, restant dans la même position, il finit par déplacer le corps du bipède à l’aide de son museau. Juste des petits coups en ne chercher d’aucune façon à lui faire de mal.

Puis l’attente dans un silence sans fin. Bristom lança quelques souffles le long de la nuque relevant ainsi le chemisier de son dos. En reprenant son souffle, sans le vouloir, il aspira quelques cheveux qu’il expulsa immédiatement par un éternuement. Bien sûr, un dragon qui éternue n’est en rien sans gravité. C’est pourquoi une partie des substances gélatineuse sont sortie de ses voies respiratoires laissant une petite partie présente dans son dos. Pour une fois, Bristom était parvenu à ne pas cracher de feu !